Le Lazaret de la Grande-Chaloupe et son voisin de la Ravine à Jacques sont des lieux de mémoire essentiels pour la construction identitaire réunionnaise. C’est l’étape en quarantaine sanitaire d’une très large partie des ancêtres des réunionnais. Les deux ravines forment un continuum historique qui permet de passer de la période Esclavagiste (Ravine à Jacques) à celle Engagiste (Ravine de La Grande-Chaloupe).
Dans le recensement de la population du quartier Patates à Durand de 1920,
est âgé (selon sa déclaration) de 44 ans. Il est né à Salazie en 1876 et exerce d'abord le métier de bazardier, activité connexe à celle exercée par son père , cultivateur.La présence à La Réunion de Louis Permal Kichenin est liée au système de l'Engagisme, dont le flux migratoire s'est considérablement intensifié après 1848. L'Engagisme permet à un propriétaire de proposer un contrat de travail à un travailleur étranger à la colonie. L'Engagé est alors au service d'un Engagiste (propriétaire terrien ou sucrier). Cette demande de bras répond au manque de main d'oeuvres lié à la fin de l'Esclavage en 1848.
, le père de est « né dans l'Inde » selon l'expression que l'on retrouve souvent dans les actes d'Etat Civil d'indiens. On maîtrise aujourd'hui le récit migratoire général des Indiens venant sous contrat à La Réunion. Cette migration démarre en Inde dans un port côtier. Mais le village d'origine peut-être situé plus à l'intérieur du pays. Le voyage vers La Réunion dure environ trois semaines. L'arrivée se fait à partir de 1861 au large de la Grande Chaloupe.
Le contrat de travail de l'Engagé est de 5 ans renouvelable par période de 5 ans. Assinapermal s'installe, probablement après sa période d'Engagisme, comme cultivateur à Bras Sec. Il est enregistré dans les actes avec son numéro matricule général n°13375. Les Engagés sont alors considérés somme sujet Anglais et ont la possibilité de demander la nationalité française.
Vers 1860, la colonie décide de construire un espace de quarantaine sanitaire que l'on appellera localement Lazaret. Le premier ensemble est construit de 1861 à 1863 dans la ravine de La Grande-Chaloupe (côté Possession). La colonie décide la construction d'un second Lazaret de 1863 à 1865 (côté Saint-Denis). L'ensemble fonctionnera comme espace d'accueil et d'isolement jusqu'en 1937-38. Cet espace, qui rappelle Elis Island aux Etats Unis, est un lieu de mémoire migratoire « commun » très important de part sa symbolique de « porte d'entrée » pour les descendants d'engagés de toutes origines à La Réunion.
L’Engagisme consiste à recruter pour des périodes de 5 ans des travailleurs étrangers à la colonie. L’Engagé est alors au service d’un Engagiste. Pour La Réunion, le principal et le plus important foyer de recrutement sera l’Inde, alors sous colonisation anglaise. Chaque engagé est doté par le service de l’immigration, mis en place dans la seconde moitié du XIXème, d’un livret d’engagé et d'un numéro matricule qui permet de justifier de sa situation et de la légalité de sa présence dans l’île. L’Engagé a le droit de pratiquer sa religion d’origine.